Hollywood brûle nous plonge dans les désillusions du rêve américain, sous le soleil brûlant d’un Hollywood des années 50.
Le jeune Jack Morrison travaille comme mécanicien dans le garage de son père, Bob. Mais ce qui vibre au fond de lui, c’est autre chose : le cinéma. Ballotté entre ses rêves et la réalité, entre ses propres aspirations et les attentes qu’on projette sur lui, Jack devra faire des choix, et surtout les assumer… Une jolie pièce qui gagnerait toutefois à approfondir son sujet.
Le rôle de sa vie
Ah, l’American dream… Nombreux sont ceux qui s’y sont brûlés les ailes. Ça pourrait d’ailleurs bien être le cas de Jack, passionné de cinéma depuis sa plus tendre enfance, et qui est fasciné par ces grandes lettres venues s’imposer depuis peu dans le paysage, sur les hauteurs de sa ville : HOLLYWOOD. « Imagine : la liberté, le succès, la gloire ! » confie-t-il à Maggie, la secrétaire du garage de son père, dans lequel ils travaillent tous les deux aux côtés de Marcus, employé loyal et dévoué.

« Sais-tu que, parfois, les rêves peuvent avoir le goût des cendres ? »
Maggie, qui croit en Jack, le couvre à chaque fois qu’il s’absente secrètement pour passer des castings et tenter de toucher du bout des doigts son rêve. Son père, quant à lui, ne se doute pas des ambitions du jeune homme. Sa priorité à lui est toute autre : tenter de sauver le garage d’une faillite qui les menace de plus en plus, et dont Jack ignore tout. Alors, quand on annonce à ce dernier qu’il est pris pour un rôle, tout pourrait bien basculer…
Hollywood brûle les ailes et les rêves
Le titre est fort bien choisi. Sa double interprétation met parfaitement en lumière le paradoxe de cet Hollywood qui souffle sur les braises de passion de ceux qui se rêvent en haut de l’affiche, tout en ravageant de ses flammes capitalistes ceux qui tentent de survivre face à la concurrence nouvelle et impitoyable. Jack est appelé par son rêve, son père est retenu par une réalité économique qui resserre son emprise.

La mise en scène de Marie Reignier, qui signe également le texte, parvient avec peu de choses à poser une ambiance pleine de charme. Une lumière orangée, une radio qui grésille, des tenues rétro, une enseigne lumineuse « ouvert », et nous voilà plongés dans l’Amérique des années 50. L’histoire est rythmée, et on passe un agréable moment à suivre ce récit où rêves et désillusions s’entremêlent, et qui dévoile un Hollywood fait de lumière, mais aussi d’ombre.
Un propos qui manque de profondeur
Les comédien.ne.s sont convaincants, et l’arrivée de Jack sur scène, interprété par le solaire Dorian Pla-Moreaux, fait souffler un vent de liberté, avec une très jolie scène de claquettes sur la chanson Singing in the Rain. Dommage qu’il frôle l’arrogance à certains moments. Idem pour le personnage d’Andréa Russo, l’homme d’affaires à qui appartient le garage, joué avec une belle présence par Thierry Mulot, mais dont le côté un peu cruel nous a laissés perplexes. D’ailleurs, si celui-ci est présenté comme le « méchant » de l’histoire, sa position ne nous est pas apparue si injuste que cela si l’on se place de son point de vue à lui.

Ce côté manichéen ainsi que le dénouement un peu simpliste sont, à notre sens, les points de fragilité de ce spectacle. D’autant que la relation père-fils n’est pas suffisamment explorée pour que l’on arrive à y croire et à être touché. On passe néanmoins un agréable moment, charmés par l’esthétisme et l’atmosphère envoûtante de cette jolie première création.
Hollywood brûle, écrit et mis en scène par Marie Reignier, avec Dorian Pla-Moreaux, Marie Reignier, Axel Kengne, Jérôme Godgrand et Thierry Mulot, se joue du 4 septembre au 26 octobre 2025 au Studio Hébertot.

Avis
C'est un premier spectacle qui ne manque pas de bonnes idées que signe ici Marie Reignier. Les thèmes abordés sont intéressants : le déterminisme social, les discriminations systémiques, le conflit générationnel, la notion de "réussite"... mais à peine effleurés pour la plupart. Dommage.

