Privé de sortie en salles en France, G.O.A.T. (ou HIM en version originale) va directement échouer dans nos contrées par le streaming après son flop Outre-Atlantique. Le deuxième long métrage de Justin Tipping ne parvient pas à nous captiver, et n’a d’horrifique que le désastre de sa campagne marketing.
Alors qu’il s’apprête tout juste à passer le Combine, un événement sportif qui permet de repérer de jeunes athlètes de football américain et de les sélectionner pour la prochaine saison, Cameron Cade, un jeune prometteur, est mystérieusement attaqué la veille de ses épreuves. Victime d’une commotion cérébrale, Cameron rate sa chance de devenir quarterback dans une grande équipe. Mais, miraculeusement, une légende du football, Isaiah White, bientôt à la retraite, décide de le former pour faire marcher Cameron dans ses pas.
G.O.A.T. au cœur du football américain
Pour son deuxième long métrage, le réalisateur Justin Tipping s’essaie au genre de l’horreur. Sous la supervision de Jordan Peele en tant que producteur, G.O.A.T. a bénéficié d’une campagne marketing promettant un film d’horreur original, avec le football américain au centre de son récit. Le jeune Tyriq Withers (Souviens-toi… l’été dernier 4) partage l’affiche avec Marlon Wayans, principalement connu pour ses rôles comiques dans Scary Movie, Les Frères Wayans ou encore FBI : Fausses Blondes Infiltrées. Un duo d’acteurs qui fonctionne, dans une dynamique mentor-mentoré qui gagne en étrangeté et en profondeur au fil du film.

Malgré ses belles promesses, le spectateur français aura sans doute du mal à entrer dans un film qui ne lui est visiblement pas destiné. Tandis que le public américain est beaucoup plus attaché à ce sport, les européens auront beaucoup plus de mal à rentrer dans le film. Faute de droits, chaque équipe ou compétition mentionnée est fictive, et le film ne propose aucune petite séquence de match ou d’ambiance de stade en délire. Quelques images furtives apparaissent, mais elles ne suffisent pas à rassasier notre attente. L’essentiel du récit se déroule chez Isaiah White, au fil d’une semaine intensive et apparemment déjà minutieusement programmée pour l’entraînement de Cameron Cade.
Un touchdown manqué
L’un des premiers problèmes du film est que le décor du football américain n’apporte rien à l’intrigue ou aux personnages. Le long métrage cherche à dénoncer les excès et la débauche des riches, qui se pensent tout-puissants, capables de tout pour prolonger leur prospérité et leur jeunesse. Mais un tel discours aurait tout aussi bien pu se dérouler dans l’industrie du cinéma ou de la télévision comme The Substance. G.O.A.T. tente par ailleurs de mettre en lumière les dangers du football américain entre les coups, les chocs, et les séquelles physiques sur les joueurs après leur carrière, mais sans pour autant dégager un propos clair.

Hélas, bien que le film propose une photographie sombre et mystérieuse, ponctuée de quelques idées originales, cela ne suffit pas. Le jeu avec les couleurs, la colorimétrie des plans, les cadrages et l’esthétique générale révèlent l’ambition du réalisateur et scénariste de proposer un film d’horreur différent, plus impactant, avec des costumes et des personnages atypiques qui créent un décalage au sein du genre. Mais malgré ces intentions, le scénario n’élève jamais le film à la hauteur de ses ambitions.
Le G.O.A.T. doit renaître de ses cendres.
Le long métrage est très clairement porté par le duo Wayans-Withers qui fonctionne plutôt bien : une véritable alchimie se ressent à l’écran. Entre vannes et jalousie, la relation des deux personnages oscille sans cesse entre encouragement et emprise. Le mélange du genre horrifique avec un ton parfois plus léger, humoristique, réussit grâce à l’interprétation du comédien Marlon Wayans et de Tyriq Withers. Les touches d’humour apportent quelques secondes de pauses dans une tension constante, et parfois réussissent même à intensifier la folie du personnage du mentor. Les deux se portent vers le haut, et cherchent vraiment à représenter la complexité de leurs personnages, l’un dans son dépassement de soi, à tous les prix, et l’autre dans sa folie intérieures, masqué par ses bonnes intentions.

Classé comme film d’horreur, G.O.A.T. ne parvient pourtant pas à nous effrayer. La tension du film, interrompue par quelques sursauts suffiront à nous faire bondir de notre canapé, mais le film ne rivalise pas avec les œuvres d’horreur sorties ces dernières années. En effet, le scénario ne nous surprend pas vraiment dans sa construction : c’est le film d’horreur contemporain classique, qui nous montre l’arrivée d’un héros dans un environnement qu’il ne connaît pas, et qui semble lui vouloir quelque-chose qu’il ne comprends pas. Ici, on sent vraiment l’influence du producteur Jordan Peele, et notamment de son film d’horreur Get Out.
Le problème n’est pas que Justin Tipping s’inspire du très bon film de son mentor, mais c’est qu’il n’arrive pas à créer quelque-chose de nouveau, à créer des rebondissements. Le film n’arrive pas à étonner ou effrayer vraiment le spectateur, et c’est bien dommage. On comprends très vite les mystères qui se trament dans le dos de Cameron, et aucune révélation n’est vraiment inattendue. Le film veut pourtant explorer les limites des sportifs, les thèmes du sacrifice, de la dévotion, mais en vain.
Le Get Out du football américain
Malgré la supervision bien visible de Jordan Peele, le film de Justin Tipping manque de rebondissements et nous entraîne dans une histoire dont le spectateur aurait pu se passer. Le long métrage présente un bon concept mais qu’il n’arrive pas à utiliser. Il reste néanmoins rempli de belles promesses pour la suite du réalisateur. Ce deuxième essai, sûrement retiré des salles françaises avant son premier jour par peur d’un échec, a pu permettre néanmoins de bâtir les bases pour un prochain film dans le genre de l’horreur, qui aura appris de ses erreurs.
G.O.A.T. sortira directement en streaming fin 2025
Avis
Un film d'horreur qui manque de rebondissements et de saveurs, malgré de belles idées visuelles. Avec des efforts, le prochain triomphera !

 

