Glass, c’est à l’origine un rêve qui prend forme pour M. Night Shyamalan, son créateur.
Fort du succès de Split, il donne enfin suite à l’un de ses joyaux, Incassable, et compose à sa sauce un récit super-héroïque où sauveur, menace musclée et méchant diabolique se confrontent. Toutes les cartes étaient sur la table avec Glass, avec deux données inédites pour le cinéaste : une attente narrative forte de la part des spectateurs, et un marché du genre inondé de propositions.
Glass : des promesses au statisme
La résultante s’avère pour le moins désarçonnante. Shyamalan fait miroiter l’affrontement tant attendu lors d’une grosse première partie statique, qui rejoue en partition mineure le questionnement d’Incassable sur le caractère réel ou non des super-pouvoirs de chaque protagoniste. L’ajout du Dr. Ellie Staple, personnage dénué de tout relief, pousse à la multiplication de séquences verbeuses, nimbées d’un mystère bien inutile dès la première partie éventée.
La mise en scène, puissamment symbolique dans Incassable, d’une efficacité chirurgicale dans Split, se contente ici du strict minimum, avec ça et là quelques saillies dignes du talent de Shyamalan. Se refusant à toute onirisme, le cinéaste ne prend pas plein potentiel de son décor d’asile psychiatrique, parfaitement illustratif, quand ce dernier pourrait donner de l’élan au caractère dérangé de ses personnages.
Glass, une catastrophe?
Dans son tiers final, le récit reprend un peu de vigueur, alors que le génial Mr. Glass dévoile ses cartes. Rusant de son budget restreint, Shyamalan offre quelques séquences savoureuses, avant un twist absurde qui débouche néanmoins sur une intéressante touche finale, qui fait corps avec l’ensemble. Bon directeur d’acteurs, il tire le meilleur jus de ses interprètes, dont un Bruce Willis qui évite de justesse la carte du non-jeu flemmard.
On en ressort donc avec le sentiment d’avoir assisté à un rendez-vous manqué, parfois stimulant, unique à son auteur et pourtant si chiche de ses promesses. Avions-nous raison d’attendre? Le temps nous le dira…