En plein feu, écrit et réalisé par Quentin Reynaud, met en scène Alex Lutz et André Dussollier dans un drame familial, un métrage français embrasé comme on en a rarement vu.
En plein feu prend place lorsqu’un incendie de forêt ravage la région de Simon, 41 ans (Alex Lutz), et son père Joseph, 74 ans (André Dussollier). Obligés de quitter leur maison, ils prennent la route mais se retrouvent prisonniers de leur véhicule et seuls dans une forêt transformée en brasier géant.

Des drames familiaux français : on a plutôt l’habitude d’en voir. En revanche, des films catastrophes français, c’est un peu plus rare et ça fait plutôt plaisir, surtout quand c’est bien fait. Si Quentin Reynaud signe un scénario assez simple tant sur sa structure que sur ses thématiques, il réalise ici une belle prouesse technique et artistique par une mise en scène et une réalisation vivante et palpable.
Dans la peau des personnages
Une des véritables forces de En plein feu, c’est sa capacité à projeter le spectateur au plus près des personnages. On découvre avec eux les terribles nouvelles à venir et surtout au même moment que ceux-ci. Tandis que le film avance tout droit, on évolue dans l’intrigue quasiment en temps réel. La caméra donne une véritable proximité aux personnages, interprétés par deux talentueux comédiens, au milieu du décor naturel des routes des Landes.

Quentin Reynaud joue avec sa mise en scène, en alternant entre le hors-champ sonore (par le biais des informations à la radio) et les péripéties qui apparaissent en cours de route. En ça, En plein feu est un film vivant, qui interagit avec tous les éléments et repères visuels au service de son intrigue : les horaires, la température, le monde environnant.

Dans En plein feu, Quentin Reynaud crée une véritable tension : tandis que le film et que le feu avancent, les personnages se retrouvent bloqués sur la route avec leur monde qui s’effondre à mesure que le temps passe. Cela permet de renouveler le décor, la dynamique du film, les images, mais aussi les enjeux au moment présent.
Un film en mouvement
L’enjeux du film est très clair : il faut avancer. C’est ce que la narration réalise… Peut-être de manière un peu trop linéaire. On notera la présence de quelques flashbacks et séquence de rêve qui permettent de donner du relief au scénario, mais on sent peut-être le film s’épuiser autant que les personnages aux ¾ du film cependant…
A côté de ça, on notera la qualité de son montage qui permet d’effecuter à plusieurs reprises de fortes ruptures de rythme, qui permettent à chaque fois de relancer l’intrigue et les enjeux du scénario.

Le plus grand défi de En plein feu est sans doute son concept, à savoir : filmer un feu de forêt et sa fumée. On découvre un grand travail de continuité sur l’arrivée progressive du brasier, passant d’un ciel bleu à un enfer orangé et enfumé. La photographie de Vincent Mathias permet aussi de créer des images assez spectaculaires, mêlant paysage embrasés à des plans plus artistiques avec des silhouettes au milieu du bois par exemple.

En plein feu est une bonne surprise. Le film fait également écho aux crises climatiques que nous traversons actuellement, avec des feux de forêt partout dans le monde et en France récemment. Bien que le film ne s’engage dans aucune thématique écologique ou climatique en toile de fond, Quentin Reynaud propose un divertissement plutôt sympathique et assez unique en son genre. Le film est solide, crédible et à aucun moment low coast.
En plein feu est actuellement en hors-compétition au Festival de Gérardmer.
AVIS
La petite linéarité de En plein feu essoufle un peu le film avant sa conclusion... Cependant, le long-métrage reste une belle proposition de cinéma français. On découvre un casting irréprochable et une réalisation au top.