Après une première saison en solo et en France pour Daryl Dixon, voilà que le survivant le plus apprécié de l’univers TWD s’offre de nouveaux épisodes, avec le retour de Carol en prime pour un résultat également sympathique.
Traqué par le Pouvoir des Vivants, c’est toujours en compagnie de sœur Isabelle que Daryl chaperonne Laurent, le messie de l’Union de l’Espoir, alors même que sa vieille amie Carol essaye de traverser l’Atlantique pour retrouver le biker. Paramount+ (et AMC+ chez nos cousins) continue(nt) de surfer sur la vibe du bad boy préféré des spectateurs de The Walking Dead et diffuse(nt) donc le retour de Daryl Dixon, terminant gentiment ses vacances postapocalyptiques en Normandie, avant la prochaine étape de son périple européen. Du grand classique, réconfortant et rigolo.
Toujours développée par David Zabel, également à l’écriture de ces six nouveaux épisodes, Daryl Dixon développe à lui seul (ou presque) le lore de la série mère tout en proposant quelque chose de décomplexé, mais toujours pétri des mêmes scories archétypales du genre, et de ce genre de show. Pas de place pour la nuance, chacun des protagonistes répond aux codes spécifiques de leurs clichés respectifs. Pourtant, certains flashbacks et développements de personnages permettent d’alléger l’ensemble, dans une direction assez délectable. Encore une fois, rassurant mais pas transcendant.
Bonjour Paris !
On a pu voir quatre des six épisodes de la saison, permettant de voir que ce Daryl & Carol (comme devait s’appeler le show à l’origine avant que Melissa McBride n’ait des problèmes d’emploi du temps pendant la première saison) continue sur sa lancée tout en jouant plutôt efficacement sur la dualité de focalisation, sur la complémentarité de ses personnages titres.
Ainsi, pareil à un nouveau papa poule qui profite de sa récente parentalité, le congé paternité de Daryl touche bientôt à sa fin alors que le rapatriement aux US est imminent avec l’arrivée de Carol Pelletier. Daryl Dixon devient donc le leader musclé des escapades des religieux en dirigeant les braquages à la mexicaine en pleine campagne normande. Le bras armé de l’Église française en somme. Le tout en enseignant au jeune Laurent ses laconiques cassages de cervelet et en prenant des cours de français avec Clémence Poesy. Tout un programme alléchant, bourrin mais également poétique (ou presque), dans une ambiance toujours post-apo médiévale.
De son côté, Carole termine le boulot sur le territoire américain en se frayant un passage au milieu de cadavres et en manipulant son monde. Toujours sous ses airs de sainte ni touche, la survivante apporte dans cette deuxième saison une touche psychologique bienvenue. Un peu abusée, si on est sérieux cinq minutes, vu comme elle semble presque pathologique à mentir face à tous ses différents interlocuteurs. Mais ses divagations permettent au personnage d’explorer ses traumas des premières saisons de TWD. Vaine tentative quand on sait que c’est justement ce deuil traumatique qui l’a transformé en une badasse ahurissante. Mais bon, ça permet également d’humaniser un peu ce personnage alors soit.
De plus, son personnage est l’occasion pour le show de nous offrir une focalisation féminisée, pour mieux examiner le passif des méchants et plus précisément de la méchante Mme Genet (Anne Charrier), et développer un propos de lutte des classes habituels. Ça améliore le background de ce petit monde dans lequel Daryl déambulait comme un touriste, en se contentant de fracasser des cranes de façon désabusée. Allez, why not, on est généreux.
Pour couronner le tout, l’aspect gentiment iconoclaste de la série tend à charmer les indécrotables athées que nous sommes, quitte à insuffler une romance impossible au milieu de toute cette guerre théologique. Devant un monde mourant, on assiste alors à l’affrontement du régime totalitaire et de l’endoctrinement extrémiste. Un beau programme, excessif mais rigolo et qui renforce notre sympathie envers ce grognon de Norman Reedus, éternel cow-boy solitaire et désintéressé, au milieu de collabos et de foules lobotomisées. Dommage que ces questions archétypales ne soient justement pas plus développées au détriment de cette nonchalance neutre. M’enfin..
Au revoir les enfants
Alors tout ça c’est très bien, mais le show souffre par contre toujours d’un problème grossier, qui nous faisait sourire dans la saison 1 : tous les personnages parlent aussi bien français que anglais et vont même jusqu’à parler les deux langues dans une même phrase, en fonction de leur interlocuteur. A la rigueur, quand on interpelle Daryl ou Carol, passe encore, mais quand deux frenchies se parlent entre eux et switchent entre l’anglais et le français… là on émet des doutes.
Niveau mise en scène, le show est également paradoxal. Pour une série très axée « action », les séquences violentes pleuvent mais les raccords sont assez effrayants, visibles comme le tattoo de Reedus sur sa main droite. A part une scène en faux plan-séquence, pareillement ourdée de raccords visibles, le reste de Daryl Dixon est incertain dans sa réalisation, ou du moins super fade, à l’image de la photographie désaturée (la faute à l’iode des marais salants j’imagine). Et autant certains plans sont sympatoches en se référant aux films de Romero ou aux peplum pour les séquences de fight dans les villes fortifiées, autant les scènes de dialogues ou d’ensemble jurent par leur absence totale de direction autre que celle d’exposition. Encore une fois, plaisant mais pas transcendant.
En bref, ces quatre premiers épisodes de la saison 2 de Daryl Dixon – The book of Carol forment un ensemble toujours très sympathique, un regain vivifiant dans l’univers de The Walking Dead, même si le fond (ou la forme) reste toujours assez superficiel. Mais c’est (un peu) dépaysant et en soit, c’est déjà pas mal…
La saison 2 de Daryl Dixon est disponible en exclusivité sur Paramount+ dès le 30 septembre.
Avis
Si c'est toujours fun de voir Daryl Dixon faire du tourisme au Mont St Michel, le retour de Carol est par contre aussi attendrissant que vecteur des même stigmates narratives et visuelles initiales de TWD. Sympa mais pas incroyable.