Alors que Charlie, mon héros ressort dans une vraie remasterisation vidéo chez Rimini Editions, il est temps de nous pencher sur ce film méconnu du grand Don Bluth (Brigsby et le Secret de Nimh, Anastasia). Retour sur un film d’animation oublié mais grandement digne d’intérêt !
Don Bluth est un grand dessinateur et réalisateur dans le monde de l’animation, qui a notamment fait ses armes chez Disney. Profondément marqué par le visionnage de Blanche-Neige et les Sept Nains, ce dernier a rejoint la firme aux grandes oreilles dans les années 70. Animateur-clé sur Rox et Rouky, Peter & Eliott le Dragon, Robin des Bois ou encore les Aventures de Bernard et Bianca, Bluth créera ensuite son propre studio, en nous abreuvant de bon nombre de films cultes.
Brigsby et le Secret de Nimh, Fievel et le nouveau monde ou encore Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles seront des succès autant critiques que publics, avant que sa carrière ne prenne un virage en dents-de-scie face à la suprématie de la Renaissance Disney. Charlie, mon héros (où le titre VO All Dogs go to Heaven beaucoup plus adéquat) sera ainsi le premier échec commercial de Don Bluth, sorti en même temps que La Petite Sirène en 1989.
Une aventure quia du chien
Ainsi, Charlie, mon héros nous introduit donc au protagoniste éponyme Charlie B. Barkin (doublé en VF par un Richard Darbois bien prolifique à l’époque), un chien roublard. Avec son pote Gratouille (doublé par Jacques Frantz, la voix française de De Niro), Charlie parvient à s’évader du chenil où ils étaient retenus captifs. Retrouvant son partenaire d’affaire Carcasse, il s’apprête à reprendre la gestion de leur casino. Mais c’est sans compter les plans de Carcasse, qui va orchestrer l’assassinat de Charlie afin de rester le vrai calife en ville.
Arrivé au paradis, ce dernier va trouver le moyen de revenir sur Terre au prix d’un lourd tribut : s’il décède à nouveau, c’est l’enfer qui l’attend ! Alors que Carcasse détient une orpheline ayant le don de parler aux animaux (afin d’augmenter ses chances sur les divers paris lucratifs), Charlie et Gratouille vont la libérer. Enclins à utiliser ses talents à son compte pour concurrencer Carcasse, Charlie devra jongler entre sa vengeance, sa relation avec ses amis et sa vie ne tenant désormais qu’à un fil !
Beau canidé en 2D
Avec Charlie, mon héros, Don Bluth amène encore tout son savoir-faire pour proposer une aventure aux accents « Disney-iens » prononcés, via un visuel 2D traditionnel. Si ce style est ainsi largement répandu dans l’animation US, la réalisation de Bluth se veut singulière, en particulier lors de passages frôlant l’onirisme ou le psychédélisme : on pense forcément aux séquences de paradis (et ce motif d’horlogerie constant) ou encore ce jeu de perspective et de surimpression pour mimer la frénésie du monde du jeu. Malgré tout, Charlie, mon héros reste un film ancré les pieds sur terre, en rendant hommage au film de gangster.
Sous ses airs de film familial tous publics, Charlie, mon héros peut-être en effet vu par un prisme plus mature qu’il n’y parait, alors que les canidés faisant office de personnages ne sont finalement qu’archétypes mafieux, avec de surcroit un protagoniste roublard et loin d’être parfait. Alors que l’argent semble contaminer jusqu’aux relations amicales, le récit tend néanmoins à une conclusion émotionnelle emplie de sens (et de bons sentiments il est vrai) sur le sacrifice…et sur la vie tout simplement (plus de 30 ans avant un certain Soul).
Charlie, mon héros oublié
Malgré tout, cette symbiose entre divertissement grand public à multiples niveaux de lecture et histoire aux thématiques plutôt matures n’est pas aussi bien chiadée que dans un grand Pixar, tandis que la galerie de personnages secondaires (exceptée la délicate Anne-Marie) peine à s’imposer. Niveau chansons même topo, le tout a du mal à s’imposer et de trouver sa voie, restant finalement trop classique face aux films de la même époque. La faute à une caractérisation manquant un tantinet de personnalité dans le déroulé de son récit, avant de pleinement rebondir lors du climax.
Quelques écueils qui font de Charlie, mon héros un Don Bluth relativement mineur, mais quand même de bien bonne facture. Le fond et la forme sont là, et même si le scénario manque parfois de dynamisme, on tient là une bonne pioche de ce réalisateur de renom : à (re)découvrir donc !
Charlie mon héros est disponible en DVD et Blu-ray chez Rimini Editions
Charlie mon héros (ou All Dogs go to Heaven) a beau ne pas être un grand Don Bluth, tous les ingrédients restent présents pour en faire un film de bonne facture, bénéficiant d'une superbe réalisation et de thématiques plus matures qu'il n'y parait. Un des grands oubliés de sa filmographie à redécouvrir !