Distribué par UGC, Cette Musique Ne Joue Pour Personne présentait plusieurs arguments pour remplir nos cœurs d’espoir : un casting plutôt génial et un scénario original, porté sur l’humour absurde. Une base solide qui s’effrite à mesure que le film avance et que l’on attend désespérément que l’histoire progresse…
La trame de départ de Cette musique ne joue pour personne se révèle pourtant solide. Amener un festival de musique et de poésie dans une ville où la population en proie à la violence et abandonnée à son triste sort laisse imaginer bon nombre de situations comiques. Les personnages ont également tout pour plaire : un chef mafieux qui rédige des poèmes pour une caissière dont il est épris, un homme de main qui étouffe frénétiquement les ados stupides qui prononcent le mot de trop, une actrice bègue qui ne vit que lorsqu’elle se glisse dans la peau de Simone de Beauvoir…
Des influences qui font rêver… mais qui manquent de rythme
Cette Musique Ne Joue Pour Personne part donc avec beaucoup d’avantages : des situations comiques et des personnages hauts en couleurs. L’ambiance générale rappelle beaucoup l’excellent Le Poulpe, de Guillaume Nicloux, à travers son décor de cité balnéaire mourante et ses personnages loufoques. L’aspect « film à sketchs », enchaînant les scènes et les situations absurdes, rappelle aussi Dikkenek, sans l’accent belge et surtout, sans le rythme qui fait fonctionner l’ensemble.
Car un problème apparaît assez vite dans Cette Musique Ne Joue Pour Personne : à la moitié du film… On attend toujours. Aucune situation ne semble avoir progressé, Jeff piétine avec la caissière, une histoire pleine de potentiel mais qui tombe à plat par manque cruel de rythme. L’évolution totalement prévisible de cette situation n’arrange d’ailleurs pas les choses. Certaines répliques, pourtant très drôles, mettent trop de temps à tomber, cassant pratiquement chaque scène entre Poussin et Jésus. Un phénomène d’autant plus frustrant que les acteurs sélectionnés ont déjà prouvé leur talent à maintes reprises.
Un casting prometteur… mais sous employé
A l’affiche, François Damiens, Gustave Kervern et Bouli Lanners, dont les personnalités fortes et très originales garantissent un bon niveau de jeu. Comme prévu, les trois acteurs remplissent leurs rôles à la perfection mais les chutes se font attendre… Et tous ne sont pas forcément aidés. Gustave Kervern campe très bien le psychopathe introverti, face à une Vanessa Paradis passable, bien que toujours aussi transparente. L’association entre Bouli Lanners, excellent acteur constamment sous employé, et Joey Star, cantonné à son sempiternel rôle de racaille, promettait également des situations insolites. Les répliques tombent, drôles, mais ne font rien avancer.
Quelques performances de la part des personnages de second plan méritent cependant d’être soulignées. On regrette que Valéria Bruni Tedeschi n’apparaisse pas plus souvent au début du film car elle interprète très justement la femme au foyer dépressive. La performance de Ramzy Bédia se distingue également. Crédible et touchant, il confirme dans ce film sa capacité à interpréter d’autres rôles que celui de l’idiot du village.