La saison 1 a beau avoir marqué les esprits, sa durée trop courte ne permettait pas vraiment de savoir si Castlevania avait ce qu’il fallait pour durer ou si on tenait là un simple coup de chance. Avec 8 épisodes, soit le double, la saison 2 se devait de mettre tout le monde d’accord.
Comme notre titre se chargeait de te mettre la puce à l’orteil, la saison 2 de Castlevania prend plus que jamais des airs de pièce shakespearienne. On y retrouve toute la tragédie humaine, même chez les morts, et le conflit opposant Alucard à son géniteur n’est pas sans rappeler d’une certaine manière Hamlet. Les amoureux de combats sanglants devraient rester légèrement sur leur faim, tant ces huit épisodes se montrent verbeux, préférant mettre en scène les intrigues à la cour de Dracula et d’une manière plus générale une réflexion sur l’humanité.
Là où la première saison avait tendance à pointer du doigt les dérives de l’église, ici on s’intéresse aux péchés de l’homme dans son ensemble. Faut-il l’exterminer ? Le domestiquer ? Le sauver ? Des questions cristallisées notamment dans deux nouveaux personnages d’importance, les seuls généraux humains de Dracula qui se sont justement détournés de leur espèce par dégoût : Hector et Isaac. De son côté, incarnant presque la figure divine, le mythique vampire s’est désintéressé des vivants et préfère se terrer en attendant leur mort ou la sienne.
Castlevania va là où on ne l’attendait pas
Toujours finement écrite par le très talentueux Warren Ellis, la série de Netflix ménage ses effets et, dans son questionnement théologique, dans sa pensée humaniste, déroute. En nous proposant un Dracula oisif et par moment aveuglé, loin de la terreur qu’il est censé incarner même au sein de ses troupes. En raréfiant l’action, ou encore en plaçant presque notre trio Trevor, Sypha, Alucard en second plan, la série n’est jamais très loin de provoquer l’ennui. Sa longue introduction y parvient même parfois.
Mais on voit ça comme un mal nécessaire pour une œuvre qui privilégie la densité de son propos, qui ne se jugera finalement qu’à sa conclusion, pas de la saison 2, mais de la série. Chaque saison n’étant finalement qu’un morceau d’un tout. Au sein de Castlevania on ne voit aucun défaut, juste du parti pris. Lorsqu’elle décide de se déchaîner, elle prouve qu’elle a encore beaucoup de choses à nous dire, certes, mais aussi à nous montrer.