Balle perdue 2, doté de moyens plus confortables, revient encore plus énervé et ambitieux, mais malheureusement plus vain que le très efficace premier opus.
Balle perdue en avait étonné plus d’un. Il faut dire que le film d’action à base de grosses cylindrées françaises avait laissé des souvenirs bien peu mémorables, notamment après avoir été passé à la moulinette d’EuropaCorp. Quelle ne fut donc pas la bonne surprise de découvrir le long-métrage de Guillaume Pierret débarquer sur Netflix, couronné de succès pour des courts-métrages déjà menés par des gros moteurs s’entrechoquant dans des poursuites parfaitement maîtrisées. Après un premier opus aussi minimaliste côté scénario qu’efficace et grisant au niveau de l’action, de plus porté par un impressionnant Alban Lenoir, qu’allait bien pouvoir nous réserver cette suite plus ambitieuse ?
Super diesel
Balle perdue 2 prend les mêmes et recommence. En corrigeant quelque peu la conclusion du premier opus pour repartir de plus belle, le scénario de Guillaume Pierret et d’Alban Lenoir ancre ainsi encore plus le personnage de Lino dans un hommage amoureux à un certain Max Rockatansky. Relié à sa bagnole et déterminé à combattre une justice imparfaite, et une fois encore, corrompue, le personnage principal semble ici gagner quelque épaisseur, seul véritable apport à une équipe ici mis au service d’une course qui ne prend quasiment plus le temps de s’arrêter sur une aire d’autoroute, ou bien une vieille ferme. Tous semblent ainsi jetés comme des dés d’un jeu de poursuite encore plus effréné.
Le garage qui servait de repère dans le premier opus laisse ici place à un hangar high-tech où les fourches de tracteurs sont remplacées par des broches électrisées à très haute tension, et où les ennemis paraissent encore plus impitoyables car venant de l’intérieur. Au-delà de ces notables ajouts, ce qui intéresse vraiment Guillaume Pierret c’est d’enfin avoir les moyens à la hauteur de ses ambitions et de son talent. À savoir, réussir à mettre en scène des courses poursuites encore plus folles et plus nombreuses, ce qui est heureusement un pari réussi. En sens inverse sur l’autoroute, sous des ponts, ou bien en explosant encore plus de voitures, niveau quota, la promesse s’avère tenue de bout en bout.
Routes tracées
Ces ambitieux moyens ne semblent ainsi mis au service que d’une nouvelle prouesse technique plutôt que de tenter d’offrir un peu de chair à une intrigue qui tourne rapidement en rond. Un otage dont tout le monde veut la peau, et une Stéfi Celma coincée entre son amour pour Lino et son devoir envers sa supérieure Pascale Arbillot, tous unis contre des policiers corrompus et une brigade espagnole servant de navette entre les différentes parties. Moins brutal, on ne retrouvera ainsi jamais des scènes comparables à la folle bagarre dans le commissariat du premier opus, malgré une très belle introduction, cependant peu éclairée, dans un domicile familial. Tout se passe ici au contact du bitume, et c’est une fois de plus la force comme la limite de cette efficace mais finalement vaine prouesse.
Ce qui faisait du premier opus une proposition brute, gérée avec très peu de moyens au service d’une efficacité de chaque instant semble ici transfiguré en une parenthèse parfois grisante mais semblant uniquement construite comme une pièce de transition annonçant une suite. Tout le travail mené à la mise en scène ne rencontre jamais le fond suffisant pour mener vers le haut cette nouvelle franchise. Guillaume Pierret nous rejoue donc la même proposition, en techniquement plus avancée, mais ne se sert jamais de ses nouveaux moyens pour approfondir des personnages et une intrigue cantonnés au surplace, et semble donc malheureusement et irrévocablement amené à tourner en rond. Une poursuite grisante certes, mais dénuée d’émotions.
Balle perdue 2 est disponible sur Netflix.
Avis
Balle perdue 2 semble évertué à nous proposer, avec des moyens plus confortables, une prouesse technique à la hauteur des ambitions et du talent de son metteur en scène. Et si ce second opus parvient à mettre en scène des courses-poursuites encore plus nombreuses à bord de véhicules suréquipés, cela n'empêche pas le long-métrage de perdre en puissance, la faute à un scénario et des personnages vides, et du sentiment d'un épisode de transition un peu vain.