Gros blockbuster de SF coréen sorti en 2022, Alienoid de Choi Dong-hoon représente avant tout une première partie d’un récit plus ample. Une aventure mêlant deux temporalités, des robots, des aliens, et des guerriers dans un mélange manquant d’identité, mais dont la somme des éléments lui donne un certain cachet.
Alienoid vient de sortir chez nous, pourtant ce blockbuster coréen ambitieux est arrivé dans les salles obscures asiatiques lors de l’été 2022. Réalisé par Choi Dong-hoon (les gros cartons Les Braqueurs et Assassination il y a déjà une dizaine d’années), ce film constitue en réalité la première partie d’un diptyque, dont la 2e partie est sortie en début d’année en Corée.

Mais aujourd’hui c’est bien cette Partie 1 d’Alienoid qui nous intéresse. Un échec à sa sortie de par son budget, le film nous intrigue d’entrée de jeu alors que nous sommes propulsés en 1380 dans l’ancien royaume de Goryeo. Des moines taoïstes affrontent un alien tentaculaire ayant pris forme humaine, avant que Guard et Thunder (tous deux joués par Kim Woo-bin) n’interviennent. Après un combat acharné, ces derniers ramènent Yi-an (une jeune fille désormais orpheline) en 2012.
C’est alors qu’Alienoid dévoile son concept : Guard est en réalité un alien biomécanique chargé de surveiller la Terre. En effet, des prisonniers extra-terrestres sont retenus dans des corps humains (faisant office de cellule) à leur insu, et Guard doit contrer toute tentative d’évasion, Mais alors qu’un transporteur s’apprête à récolter les prisonniers, le Contrôleur (leader d’un mouvement de révolte) s’échappe grâce à une dague magique du XIVe siècle.
Alienoid : entre fantastique et SF
Et encore, ce synopsis ne détaille pas réellement chaque composante des 2h20 d’Alienoid, jonglant entre divers registres (comique, action fantastique, SF) comme le cinéma asiatique a l’habitude de le faire. Une force qui se mue rapidement en faiblesse à cause d’un montage narratif relativement brouillon, et surtout un récit qui se contente avant tout d’être une grosse introduction à un récit plus ample.

Plus précautionneux à l’idée de brouiller les pistes (le film évolue entre deux temporalités) plutôt que de garder de vue le cœur de son récit, l’aspect bicéphale d’Alienoid se ressent dans ses 2 genres : la partie fantastique se veut plus travaillée, tandis que celle concernant la SF nous abreuve de designs tantôt cheap, tantôt génériques. La forme de base de Thunder en est d’ailleurs l’exemple plus équivoque : s’il ne s’agit pas d’un clone de Guard, le personnage se mue soit en robot flottant ressemblant à une chaine hifi du début des années 2000, ou bien en SUV tout ce qu’il y a de plus commun. Bref, de la SF eco+ en somme !
Melting-pot pas toujours maîtrisé
Un contraste appuyé par un certain soin alloué aux décors et costumes d’époque (malgré une photographie souvent télévisuelle), tandis que la partie se situant dans le présent accuse d’un vrai manque de tenue visuelle. Là encore, le réalisateur parvient parfois à contrecarrer ces manquements par un côté plus pêchu et généreux de l’action, à l’image de ce climax en milieu d’intrigue où OVNI et robot se foutent sur la margoulette.

Toujours est-il qu’Alienoid manque sincèrement de gravitas et d’univers travaillé, tout en abandonnant des pistes narratives fortes en plein milieu (le rôle de Guard et Thunder en particulier) pour mieux nous ramener dans le passé. Une manière de remonter la pente en centrant cette fois le focus sur Kim Tae-ri (Mademoiselle, Space Sweepers) dans une optique de buddy movie avec un wannabe-magicien joué par Ryu Jun-yeol. Une dynamique humoristique qui fonctionne avec légèreté, malgré le manque de développement de leur relation (pour le moment?).
De quoi proposer des segments embrassant par instants le film de sabre asiatique, convoquant arme à feu, magie et corps à corps sans dévier de la recherche de la dague McGuffin. On reste loin de l’inventivité d’un Tsui Hark ou d’un Stephen Chow, mais Choi Dong-hoon se débrouille comme il faut pour emballer ces séquences..avant que la fin en mode « too be continued » ne survienne sans étancher la soif. Réponses dans Alienoid 2 ?
Alienoid sortira au cinéma le 31 mars et le 1er avril 2024, et est disponible en Blu-Ray et VOD
avis
Choi Dong-hoon signe avec ce Alienoid Partie 1 un des films les moins bien tenus de sa filmographie, la faute à une narration s'amusant avant tout de brouiller les pistes temporelles, quitte à renoncer au bon développement de son univers. Malgré une production design parfois cheap ou sans singularité, difficile de rejeter ce mariage des genres qui fonctionne avec un certain charme régulier et quelques saillies de mise en scène. Reste qu'on tient là une moitié de récit..