Un film de Wes Anderson est toujours un événement en soi. Après Moonrise Kingdom, il revient à Cannes pour présenter The French Dispatch, récit de trois articles extravagants parus dans un journal éponyme fictif.
L’action se déroule dans la ville imaginaire d’Ennui-sur-Blasé en France où il semblerait qu’on y fait tout sauf s’ennuyer. Wes Anderson propose un film construit autour de trois courts-métrages qui mettent en avant des récits loufoques rapportés par un journal américain installé dans la ville, The French Dispatch. Autant dire que les bases pour un film à la Wes Anderson sont là.
L’art de l’image
Est-il encore nécessaire de parler des qualités de la mise en scène dans les films de Wes Anderson ? Pour The French Dispatch, il demeure dans un terrain de jeu qui lui est familier : perfectionnisme dans les détails, symétrie dans la composition, couleurs saturées… Bref, c’est clairement un film réalisé par lui. D’une certaine manière, on peut lui reprocher de ne pas faire évoluer son approche visuelle, mais c’est dans celle-ci qu’il expérimente. Comme un grand chef en cuisine qui garde ses ingrédients favoris et qui se réinvente par le stylisme de ses plats, par des associations uniques ou par l’ajout d’un petit ingrédient en plus, Wes Anderson livre un long-métrage qui fourmille d’idées, d’astuces visuelles et de compositions originales tout en restant dans sa zone de confort. En ingrédient supplémentaire pour pimenter le récit, on découvre l’influence, assumée, de la bande dessinée belge – sachant que le film a été tourné à Angoulême, haut lieu du 9e art – ce qui apporte une nouvelle dimension à sa mise en scène.
Narration ludique
Wes Anderson démontre une aisance des plus remarquables pour conter des histoires toutes plus extravagantes que la précédente. Pour vous donner une idée du type de récit, la première parle d’un artiste enfermé dans une prison-asile qui est aussi génial que sociopathe (Benicio Del Totoro) et qui soudainement intéresse un marchant d’art opportuniste (l’immanquable Adrien Brody). Il y a clairement de la matière pour créer un court-métrage irrésistible.
C’est fluide de bout en bout et lorsqu’on arrive à la fin du troisième, on est presque triste de ne pas en avoir un quatrième, voir un cinquième… Cette réussite tient évidemment au montage habile, mais aussi en partie à la très belle composition musicale signée Alexandre Desplat (compositeur attitré d’Anderson depuis Fantastic Mr. Fox) qui lie les récits avec la même énergie et tonalité.
De ce fait, pour ceux qui aiment le cinéaste, c’est difficile d’être déçu par The French Dispatch tellement on retrouve tous les ingrédients qui font de Wes Anderson… Wes Anderson. Il est parfois énervant de voir un cinéaste s’enfermer dans un style (coucou Tim Burton), mais sans trop savoir comment, Anderson parvient toujours à nous surprendre et surtout à nous faire rêver en nous baladant dans ses univers absurdes. Bref, c’est une petite friandise qui se déguste sans modération !