Projeté en séance spéciale au Festival de Cannes 2019, Tommaso marque le retour en forme d’Abel Ferrara (Bad Lieutenant). Pour l’accompagner, il a un poids lourd au casting : Willem Dafoe.
Tommaso est ce qui incarne le mieux l’idée de film testament. C’est l’histoire d’un réalisateur ex-junkie, ex-alcoolique et qui a eu du succès en son temps. Bien entendu, Ferrara parle de lui-même à travers le personnage de Dafoe. D’ailleurs, le nom de Tommaso se rapproche énormément de Ferrara…
Questions existentielles.
Le personnage de Tommaso a une petite famille composée de sa femme et de sa fille de 3 ans, mais ce n’est pas facile tous les jours. Ferrara écrit un récit qui a tout l’air d’une séance de lecture philosophique. Par la déambulation existentielle du personnage de Dafoe, il pose de nombreuses questions sur la vie, le désir, la passion, la famille, l’imagination. En cela, le film apporte une réflexion honnête et assez profonde sur ces sujets. Qui plus est, William Dafoe est là avec sa facilité à déclamer des dialogues complexes, tout en apportant une présence physique indéniable à son personnage (ce dernier est ridé, usé par la vie et par ses démons). En plus d’être une histoire sur lui-même, Ferrara intègre la carrière de Dafoe à son processus créatif avec des références appuyées à sa filmographie.
Abel Ferrara ose tout
Un problème technique avec la lumière du plan ? Qu’importe, on le met dans le film. Un changement de réglage de caméra en plein plan ? Qu’importe, on le met dans le film. Ferrara fait bien comprendre que cela ne le gêne absolument pas d’avoir un long-métrage qui enchaîne les erreurs d’étudiant en école de cinéma. Certains plans défient toute logique esthétique, mais il l’assume pleinement. Il s’en sert même pour donner un ton plus rugueux, plus sale à son histoire. Cela ajoute une forme d’étrangeté à Tommaso qui n’est définitivement pas un film comme les autres, mais qui impose le respect.