À partir d’un fait divers, ADN questionne le fonctionnement d’un groupe et ce qui détermine notre place dans la société.
ADN commence comme un fait divers. Ils aimaient bien taquiner Adam, se moquer de lui, l’humilier. Jusqu’au jour où cette bande d’adolescents va trop loin et où les choses dérapent. Ils ont tué Adam. Et pourtant, le pire n’est pas là. Ce n’est que le point de départ d’un engrenage duquel il leur sera difficile de s’extraire… Une pièce sombre, caustique, portée par des comédiens convaincants.
« Je veux dire on rigolait juste, hein ? On était tous vous savez…
Vous connaissez Adam, vous savez comment il est, donc on était là, enfin tu sais, à se moquer, enfin. Tu sais comment il était, toujours à rester là ».
Le groupe comme dernier repère
L’un après l’autre, trois adolescents terrifiés et désorientés, les mains couvertes de sang, débarquent sur un plateau presque dénué de décor. Totalement paniqués par ce qu’il vient de se passer, ils s’expliquent, se justifient, tentent de minimiser leurs actes jusqu’à décrire les faits d’une manière presque burlesque. Mais on sent bien que cela n’est qu’une parade pour tenter d’échapper à la peur qui les dévore. Ils s’en remettent alors à Phil qui leur dicte avec un sang-froid et un détachement troublants ce qu’ils doivent faire.
Assis sur une chaise au milieu des autres pendant l’essentiel du spectacle, ce personnage dérangeant parle peu, se montre imperturbable, insensible, apathique. Mais on sent bien qu’il exerce une véritable domination sur le groupe. C’est lui qui prend les décisions et c’est lui qui – pour tenter de les protéger – va transformer ce drame en un véritable cauchemar.
Un rythme inégal
Il ressort à la fois beaucoup de fragilité et d’animalité de cette pièce brute et sans artifice, autant par son texte que par la mise en scène de Marie Mahé. En effet, la plume de Denis Kelly est incisive, rythmée, nerveuse. Et les comédiens sont vrais, bouleversants de sincérité. Nous avons d’ailleurs eu un coup de cœur pour Tigran Mekhitarian, éblouissant dans ce rôle auquel il apporte une touche d’humour salvatrice.
Il nous aura seulement manqué une meilleure constance dans le rythme pour que ce spectacle soit totalement abouti. En effet, quelques longueurs se font sentir ça et là. Notamment lors des scènes où la petite amie de Phil s’exprime seule sur scène, à ses côtés. La personnalité de ce dernier mériterait d’ailleurs d’être davantage creusée afin de nous permettre de mieux comprendre sa posture ainsi que la dynamique du groupe. Dommage tout de même que la fin arrive si vite, car nous passions un vrai bon moment.
ADN, de Denis Kelly, mis en scène par Marie Mahé, avec Maxime Boutéraon, Claire Bosse-Platière, Marie Mahé & Tigran Mekhitarian, se joue à La Factory – Salle Tomasi, à Avignon, du 07 au 31 juillet à 21h55. Relâche les lundis.
[UPDATE 2023] Se joue du 02 au 19 mars au Théâtre de la Tempête.
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