Tout commence par un accord de guitare qui brille dans la brume environnante. Le décor est terne, comme une feuille qui se meurt sous le désespoir de l’hiver, face à une audience impassible qui disperse dans l’air de multiples volutes cancérigènes. Mais la musique, fondu dans un cœur brisé, résonne au plus profond de l’âme de qui saura l’écouter.
C’est ainsi que sous ses airs d’odyssée moqueuse sur une légende oubliée de la folk, sous ses apparats d’une fable existentielle cruelle, pulse le cœur de deux frangins de génie, qui signe ici un faux film mineur sur l’échec d’une passion, sur la saloperie d’une existence qu’on passe trop souvent sous silence. Partageant la détresse de Llewyn dans une poignée de scènes où la plus simple composition s’avère d’une bouleversante profondeur (la rencontre avec son père compte parmi les plus beaux instants de leur immense cinéma), les frères Coen signent une œuvre majeure, agissante comme un rouleau compresseur sur le spectateur qui saura apercevoir la détresse latente à laquelle il assiste.
Et quand le final ose une fantaisie temporelle d’une merveilleuse cohérence, on en ressort l’âme atteinte, incapable d’articuler une pensée à la hauteur de cet immense instant de vie. Très grand.
Inside Llewyn Davis est sorti le 6 novembre 2013